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Non-lieux de la mémoire(2007)


À partir de la troisième version, tout en restant très intuitif dans sa conception, Immémorial devient un dispositif métaphorique plus réaliste du fonctionnement mémoriel. À la fois poétique et jouant de l’illusion cognitive, Immémorial simule le fonctionnement de la mémoire épisodique. Des spécialistes des sciences cognitives me confirment ce que j’avais intuitivement deviné : la vérité du souvenir n’est pas contenue dans le récit figé qu’on en fait mais dans la façon de réorganiser les éléments, de les assembler et de leur donner du sens : un récit interactif constitué de « segments narratifs ».


Le spectateur doit assembler ces « signes » dans un ordre chaque fois renouvelé. Et il les perçoit et les interprète différemment selon cet ordre. Les séquences peuvent être écourtées, suspendues s’il le décide : la mémoire n’est pas un « disque dur », mais une fonction dynamique, un réseau signifiant. Comme le langage, la mémoire est un système dynamique de relations.



Immémorial se développe alors comme une proposition instinctive, poétique et perceptivo-sensible traitant des mécanismes d’encodage de nos souvenirs et de la relation entre le témoignage et la fiction imaginaire, flirtant avec le récit autobiographique, élaborant une sorte de récit « véridictionnel ». Par ce dispositif, je souhaite révéler l’infini potentiel d’associations et de jonctions émotionnelles.

Je continue donc d’amasser des images, des sons, des témoignages… afin de confronter les images des premières versions à un corpus plus élargi, et qui permette néanmoins de faire émerger des objets qui parlent de ma propre expérience de mémoire.

L’installation interactive de la troisième version d’Immémorial est réalisée avec quatre écrans. Des mots sont associés aux films : ces mots me permettent de définir les premières bases de données, d’organiser la segmentation et la recompilation des données audios et visuelles. Ils apparaissent à l’écran en incrustation dans l’image, après avoir été choisis aléatoirement dans des fichiers contenant des listes de mots, les visiteurs peuvent decider d’en ajouter d’autres qu’ils écrivent directement grace à l’interface. Les mots reviennent aléatoirement à intervalles irréguliers et de moins en moins rapprochés, comme des éléments de réminiscence, des traces mémorielles de la lecture des séquences passées. L’installation fut présentée et réalisée pour le colloque « de l’espace virtuel, du corps en présence » ( le Puy-en-Velay, Univ. Clermont1, 2009).


*©Immémorial, PascaleWeber/LEEE

détails historial/Entrees/2009/6/5_Non_lieu_de_la_memoire.html
interview Vidéoformes historial/Entrees/2009/8/20_interview_Videoformes.html

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