Paysage dynamique et « living art » :


Dans un paysage aquatique, un lac ou un grand bassin, bordé de plantes qui se reflètent dans l’eau, cinq formes glissent à sa surface, de jour comme de nuit, ballet lent et méditatif, les « fleurs » s’approchent et s’éloignent tour à tour, sans que de la berge on ne puisse deviner pourquoi. Ces fleurs, sortes de cellules immersives de 4 mètres de diamètres environ, accueillent jusqu’à 3 visiteurs chacune et diffusent une lumière colorée ainsi qu’une composition sonore spatialisée en 8 points.

À l’intérieur de chaque fleur, les occupants ont la possibilité d’agir sur le comportement lumineux, sonore, mobile de la cellule. Allongés sur le tapis lumineux, leurs mouvements provoquent des ondulations internes de la lumière émise par la cellule aux pétales translucides. Les spectateurs-acteurs apprennent en remuant, en faisant rouler le corps, en caressant les pétales,… à orchestrer le comportement de leur « embarcation ». Jeu d’ombres chinoises lorsque la lumière émane intensément du tapis, dissimulation des corps des occupants lorsque la lumière provient plus intensément des pétales.


Toutefois s’ils croient parvenir dans un premier temps à conduire l’environnement lumineux et sonore mobile spécifique que constitue la fleur, le contrôle des occupants s’avère très relatif. En effet, les dispositifs flottants sont motorisés et échangent des informations qui leur permettent d’interagir de manière calme et régulière, au gré des « humeurs », non des passagers, mais du réseau lui-même que tissent les 5 corps flottants... De fait à l’approche l’une de l’autre, le fonctionnement de chacune de ces cellules de perception se trouve perturbé : l’intensité et la qualité (chaleur, couleur, timbre, clarté, résonance, tonalité…) de la lumière et du son sont modulées, jouant pour le spectateur resté sur la berge le ballet des fleurs en interrelation insaisissable pour ceux qui sont immergés dans les cellules.

À l’origine de ce projet le choc de Fukushima, le désir de dire l’interdépendance, l’interrelation des composants de notre environnement et la volonté de penser un paysage visuel et sonore suivant le double point de vue du spectateur, placé à l’extérieur de la scène ou immergé dans le paysage.

Contrairement aux lotus, les nénuphars ne se détachent pas de la surface de l’eau, mais ils flottent. Ces plantes poussent en rhizomes, en lien donc les unes avec les autres. C’est ainsi que je me suis intéressée aux nénuphars blancs également appelés Nymphéas.

©Nymphaea Alba Ballet, Hantu (Weber+Delsaux) (3D O. K. Appadoo), 2012-2013.